Journal de bord du dimanche 12 août 2007
Rédigé par l’Armateur
A bord du « Clipper Paris » le dimanche 12 août à 10h :
Nous sommes partis de St Nazaire vendredi 10 à 11h30 avec beau temps et sommes arrivés pour notre première escale à Lorient à 22h.
En sortant du port de St Nazaire, un très gros cargo passait devant nous pour se diriger, comme nous, vers l’Ouest ; son nom : le « Clipper » ; fallait-il y voir un présage ? toujours est-il que cette première journée s’est admirablement bien passée, avec une mer calme et une très légère brise, juste ce qu’il fallait pour ne pas avoir trop chaud.
Escale à Lorient sans histoire pour repartir le lendemain à 6h pour Brest, toujours avec un temps parfait. Quelques dauphins viennent nous saluer lorsque nous passons par le travers des Glénans.
Arrivée à Brest à 19h en croisant les solitaires de la transat du Figaro : superbe spectacle.
Un journaliste du « Télégramme de Brest » nous attend sur le quai ; nous lui faisons les honneurs du bord.
Une des deux pompes du bac à graisse est défectueuse ; nous passons sur la seconde pompe mais l’installateur a oublié de la connecter au tuyau d’évacuation ; au moment de la mise en marche (le chef mécanicien et moi-même avions la tête dans le bac pour contrôler la bonne évacuation) nous en prenons « plein la tronche ».
Nous réparons et heureusement, grâce à la gentillesse des lamaneurs du Port, nous avons accès à leur douche.
Contrôle de routine des Douanes à Brest en fin de soirée puis départ, après une nuit tranquille, à 8h, ce jour.
Nous faisons route depuis deux heures et arrivons dans le chenal du Four pour remonter nord vers Roscoff. Nous avons un peu de courant contre, mais on a calculé notre route de cette façon pour avoir un courant nul dans la passe et éviter le ressac du vent contre le courant... si le vent se levait… Le temps est un peu couvert mais les conditions de mer sont bonnes.
Les prévisions météo sont bonnes jusqu’à demain lundi avec une dégradation prévue dans la nuit de lundi à mardi.
Nous adapterons le programme de navigation en conséquence.
Journal de bord du jeudi 16 août 2007
Rédigé par l’Armateur
A bord du « Clipper Paris » le jeudi 16 août à 09h :
La dégradation annoncée lundi est arrivée sur le Cotentin comme prévue. Afin de nous mettre à l’abri (vent de force 7 à 8 ; mer agitée à forte), nous sommes rentrés dans le port de Cherbourg.
On nous a placé dans le bassin du commerce en plein centre ville, face au Casino…et à 10m du cinéma…toutes les conditions étaient réunies pour que le Clipper fasse un long séjour à Cherbourg...
J’en ai profité pour aller voir « Persépolis » et « Ratatouille »…avec une préférence pour l’histoire du petit rat sympathique et bon cuisinier… On ne se refait pas.
Le mardi 14 août, le coup de vent était bien là, et la dépression située sur l’Angleterre continuait à se creuser, entraînant un renforcement des vents et de la mer.
Pour passer le temps, nos cuisiniers se sont surpassés. Cette escale avait du bon ; et pas uniquement sur le plan sécuritaire. Nous avons par ailleurs découvert les talents de chanteur du chef mécanicien, Albert. Rien que pour ça, cette escale en valait la peine.
Le mercredi 15 août : toujours au port avec un vent mollissant en fin de journée. Au programme : vernis et peinture ; c’est toujours ça de gagner sur les petits travaux qu’il reste à faire à bord.
Jeudi 16 août : Le vent s’est bien calmé ; il reste sans doute de la mer dehors, mais nous décidons de profiter de la pleine mer de 11h pour franchir les portes du bassin ; si « ça passe », nous franchirons la pointe de Barfleur avec du courant favorable vers 13 h ; après le raz de Sein, le chenal du Four et le Raz Blanchard, Barfleur est le dernier point délicat où la mer peut être dure. Nous verrons.
Si tout va bien, nous entrerons dans l’estuaire de la Seine vers 22h ce soir et remonterons de nuit jusqu’à Rouen.
Journal de bord du dimanche 19 août 2007
Rédigé par l’Armateur
Ce jour marque l’arrivée du Clipper Paris... à Paris. Après une arrivée dans l’estuaire exactement à l’heure que nous avions prévue, le pilote de Rouen est monté à bord pour nous guider toute la nuit jusqu’à Rouen que nous avons atteint vendredi 17 à 7h.
Depuis Cherbourg où nous étions restés bloqués deux jours à cause du coup de vent annoncé, nous avons eu à affronter une mer assez formée, mais de trois quart arrière (sauf pendant une heure au départ de Cherbourg où nous l’avions de trois quart avant, provoquant de belles gerbes d’embruns).
A notre arrivée à Rouen, un sympathique représentant du Service de la Navigation de la Seine est venu à bord nous délivrer un permis de navigation fluvial pour pouvoir naviguer en Seine.
Le pilote attitré du bateau est également venu nous rejoindre pour prendre les commandes, libérant ainsi de ses obligations l’équipage maritime qui avait mené le bateau de St Nazaire à Rouen, lequel a volontiers accepté de nous accompagner à Paris en guise de balade.
Remontée de la Seine sans histoire, écluse après écluse.
Nous passons la nuit amarré en pleine campagne au milieu des vaches : singulière escale marqué par un silence pénétrant.Le lendemain, soit samedi, après dissipation de la brume matinale, nous reprenons le cap vers Paris et nous nous arrêtons en fin de journée à Bougival.
Les bords de Seine offrent un paysage varié et il est très agréable de passer sa journée à les contempler. Ce dimanche, nous quittons Bougival vers 10 heures et commençons notre approche vers Paris, que nous atteignons vers 15h.
La tentation de faire un tour dans Paris, plutôt que de nous arrêter directement au port de Grenelle, port d’attache du bateau, est trop forte, et nous repartons pour deux heures de croisière salués par nos confrères et des tas de gens surpris de voir naviguer un bateau comme le Clipper Paris dans la capitale.
Le soir, après avoir copieusement fêté notre arrivée à Paris, nous nous retrouvons au restaurant « La Plage » pour le dîner de fin de convoyage avec l’équipage.Soirée mémorable que nous aurions du mal à décrire.
Un mot sur l’équipage : non seulement, il a mené le Clipper Paris avec un professionnalisme et une rigueur indéfectible entre Saint Nazaire et Paris, mais il a été d’une rare gentillesse, et d’une bonne humeur constante et communicative rendant ce convoyage aussi appréciable que la plus emballante des croisières.
Cet équipage de bretons pure souche m’aura fait aimé encore un peu plus la Bretagne.