ARTICLE LE PARISIEN DU 14 JUIN 2024 : A BORD DU CLIPPER PARIS POUR LA PARADE

Par Maxime Ducher 

Le 14 juin 2024

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Cérémonie d’ouverture des JO :

une parade à 9 km/h avec vue sur la tour Eiffel…

On a parcouru le tracé en bateau

 

Du pont d’Austerlitz au pont d’Iéna, une centaine de bateaux composeront le cortège des délégations le 26 juillet pour la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques sur la Seine. À bord du « Clipper », qui officiera ce jour-là, Le Parisien vous emmène sur le tracé officiel.

Le «Clipper» fera partie de la flotte qui accueillera les délégations pendant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. LP/Jean-Baptiste Quentin

Au début du mois de juin, par un vendredi qui profitait encore d’un soleil radieux disparu depuis, Le Parisien a embarqué à bord du « Clipper », un yacht de plus de 50 m de long de la flotte de Paris Yacht Marina, mobilisé pour la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques qui se déroulera le 26 juillet. Direction le tracé officiel : un parcours de 6 km, du pont d’Austerlitz (Ve-XIIIe) au pont d’Iéna (VIIe-XVIe).

Le « Clipper » recevra à son bord des athlètes pour la parade mais, pour l’heure, impossible de connaître leur délégation — les attributions seront révélées au dernier moment. « On voudrait avoir la France mais on ne l’aura pas car le bateau n’est pas assez grand », regrette le capitaine, Grégory La Francesca. À la manœuvre depuis douze ans, il officiera naturellement le 26 juillet. « Une grande fierté », assure-t-il.

90 à 100 bateaux pour 10 500 athlètes

Le grand jour, 90 à 100 bateaux vont convoyer sur la Seine durant quarante-cinq minutes à une heure chacun. Sauf contrordre et plan B, l’aventure doit donc démarrer au pont d’Austerlitz. « Des pontons d’amarrage seront positionnés en amont du pont pour faire embarquer toutes les délégations », explique Didier Spade, l’armateur du « Clipper ».

Selon leur capacité, certains bateaux recevront plusieurs délégations. Au total, 10 500 athlètes sont attendus, pour représenter plus de 200 nations. Le « Clipper » peut accueillir jusqu’à 164 personnes sur sa plate-forme extérieure, où les athlètes seront placés pour être visibles en tous points du parcours.

Le capitaine Grégory La Francesca pilotera le «Clipper» durant la cérémonie d’ouverture des JO. Jean-Baptiste Quentin

Une fois le top départ donné, la flotte empruntera la Seine avec l’île Saint-Louis à bâbord (à sa gauche). « Le premier monument que verront les athlètes sera la cathédrale Notre-Dame de Paris, puis l’Hôtel de Ville sur leur droite », pointe le capitaine.

« Faire abstraction de tout ce qui va se passer autour »

À un peu plus d’un mois des JO, la navigation est pour le moment un jeu d’enfant pour Grégory. Mais qu’en sera-t-il le jour J ? « La navigation en elle-même n’est pas trop inquiétante. Ce qu’on va faire, on le fait régulièrement, dédramatise le capitaine. Ce qui sera compliqué, en revanche, c’est de faire abstraction de tout ce qui va se passer autour. Ce n’est pas difficile de naviguer à 90 bateaux. » Grégory mise sur l’organisation millimétrée de la cérémonie. « Il y aura des heures de passage précises, contrairement à un samedi soir au mois de juin, où la Seine ressemble au périphérique ! »

Autour du fleuve, les gradins commencent à être érigés sur les berges et les ponts. Nous arrivons justement au pont des Arts. Sur notre droite, le Louvre et, sur l’autre rive, l’École nationale supérieure des beaux-arts. Sous chaque pont à partir de celui du Carrousel, tous les bateaux transportant une ou plusieurs délégations passeront sous les arches centrales.

Le convoi passera devant l’Assemblée nationale. Jean-Baptiste Quentin

Sur les côtés, l’espace est réservé aux bateaux d’assistance, pour les pompiers ou la brigade fluviale par exemple. « Les bateaux d’assistance seront mobilisés tout le long du parcours pour assister un bateau en cas de défaillance, voire le remettre à quai s’il n’y a pas d’autre possibilité », explique Didier Spade.

Pour Grégory, peu de risques qu’un tel incident survienne. « Si l’un de mes moteurs tombe en panne, j’en ai un deuxième de secours. Si ce sont les propulseurs, idem. Tout est doublé pour faire en sorte que le bateau puisse toujours naviguer », rassure le chef de bord. Après une première répétition en juillet 2023, une deuxième est imminente. Une répétition générale est prévue le 24 juin.

« Aucun stop n’est prévu »

Le jardin des Tuileries longé, le cortège poursuit sa route au-delà du pont de la Concorde, site olympique consacré aux sports urbains (BMX freestyle, breaking, skateboard et basketball 3 × 3), où les tribunes sont déjà bien visibles, tout comme sur le pont Alexandre-III. « Aucun stop n’est prévu et nous naviguerons aux alentours de 9 km/h », précisent le capitaine et son armateur. Les athlètes commenceront, à partir de ce moment, à apercevoir la reine de Paris.

L’Assemblée nationale passée, la Dame de fer devient le point de mire, à bâbord, de la déambulation. Sur la gauche, le soleil tape sur le dôme doré de la cathédrale orthodoxe de la Sainte-Trinité. « On espère les meilleures conditions météo possible, glisse le capitaine Grégory. En fin d’après-midi, ce sera parfait. Il faudra juste que la Seine descende un peu plus. Il y a encore un peu de débit, c’est plus compliqué de tenir un bateau à 9 km/h avec du courant. Et il ne faut pas qu’il repleuve trop d’ici-là. »

Au débarquement, les athlètes pourront admirer la réplique de la statue de la Liberté et la tour Eiffel. Jean-Baptiste Quentin

La fin du parcours est proche et les anneaux olympiques fraîchement suspendus entre le premier et le deuxième étage de la tour Eiffel sont de plus en plus visibles. Le passage devant le Trocadéro, encore en travaux pour accueillir notamment le parc des Champions, signifie la fin de la parade pour le « Clipper » et le reste de la flotte. « Comme pour l’embarquement, en aval du pont d’Iéna, des pontons seront prochainement installés pour permettre aux athlètes de débarquer. Cela prendra certainement un peu de temps mais, nous, nous avons déjà notre ponton, ce qui facilite les choses », se réjouit Didier Spade.

Si leur bateau débarque après le pont de Grenelle, les délégations pourront apprécier la vue de la statue de la Liberté avec, en fond, la tour Eiffel. Au total, le cortège passera sous 18 ponts et passerelles de la capitale, et les athlètes du monde entier pourront admirer pas moins d’une dizaine des plus beaux monuments de Paris. Quelques ultimes détails à régler sur le « Clipper » ?Matelots, armateur et capitaine sont unanimes : « Un petit coup de rafraîchissement sur les peintures et le vernis, et on sera prêt ! »